Quelqu’un devrait faire un jeu sur : Bob Ross
Les feuilles crépitent sous les pieds et des faisceaux de lumière descendent de la canopée au-dessus alors que nous nous dirigeons vers un autre de ses endroits préférés. Des bruits de boue et des soupirs, des rubans de chants d’oiseaux avec la brise, des nuages blancs (Titanium) jettent un coup d’œil sur le ruisseau. Nous nous éloignons de la piste et nous faufilons à travers les broussailles. Accroupi, il s’arrête devant une ronce et je m’arrête à côté de lui.
Doucement, il pose une main sur mon épaule et écarte soigneusement les branches de l’autre. “Tirez, voudriez-vous regarder ce coquin.” dit-il alors que la tête de Peapod l’écureuil sort de la poche de sa chemise. “Cette joyeuse petite montagne là-bas.”
Chaque fois que je colle à Bob Ross, j’ai l’impression d’avoir gratté la boue de mes bottes, d’avoir suspendu mon manteau et d’être entré dans sa pittoresque cabane en rondins nichée dans les bois. Nous allons nous détendre et peindre ce que nous venons de voir, peut-être prendre un verre de rouge et du ragoût après. Peu importe qui vous êtes, quelle que soit votre situation, il est simplement heureux de partager votre compagnie et c’est cela, je pense, qui le rend spécial.
Diffusé à l’origine de 1983 à 1994, The Joy of Painting de Bob Ross guide les téléspectateurs à travers une peinture en une demi-heure rendue possible grâce à une technique unique et facile à appliquer. Le spectacle s’est terminé il y a de nombreuses années, et pourtant la suite de Ross a explosé.
Le streaming en ligne a lancé cette résurgence. En 2015, Twitch a organisé un marathon Bob Ross de neuf jours qui l’a présenté à une nouvelle génération (cela a également contribué à cimenter le genre ASMR). La réponse a été stupéfiante, à tel point que Netflix s’est empressé d’ajouter son émission à sa liste, et peu de temps après, sa famille a créé une chaîne YouTube qui a gagné plus d’un million d’abonnés en un an seulement. Malgré aucune nouvelle émission depuis plus de vingt ans, il est de retour sous les feux de la rampe en répandant la joie, un vent frais traversant un smog dense d’influenceurs.
Comme tant d’autres, je suis tombé amoureux de Bob. On dit que le coup de foudre, c’est quand deux yeux se rencontrent et qu’il y a une attraction magnétique, une force inexplicable qui vous rapproche. Pensez-y, mais mes yeux retroussent le trench profond de sa chemise bleu pâle, chatouillant sa barbe, adoucissant son sourire, nageant dans ses yeux et zoomant pour admirer ses cheveux parfaitement sphériques. Le maniement confiant de la palette, le pli soigné où la chemise se plie en jean, le paradis.
Puis on peint, et les sens piquent. Il y a le bruit sourd, le bruit sourd, le bruit sourd, comme le tapotement d’un micro, alors que Bob réapplique habilement de la couleur au pinceau. Je savoure la façon dont il le nettoie en le frappant contre le chevalet avec un hochet fort, “pour en chasser le diable”, et le sourire malicieux qui se répand sur son visage à chaque fois. Ne me lancez pas sur les éraflures rapides de ses couteaux à peindre alors qu’il mélange les teintes. Bonheur.
Sa voix! “Huuwisper light” comme il disait, et je ne pouvais pas imaginer un ajustement plus parfait. C’est presque comme s’il était finement réglé pour la vie tranquille, massé au fil des années passées dans la campagne de l’Alaska dans un doux grondement si doux qu’il serait submergé par le vrombissement d’une ville.
Eh bien, je me suis perdu là-bas. C’est facile, quand on parle de Bob, et on soupçonne que son comportement est à la fois une bénédiction et une malédiction. Nous cultivons un tel penchant pour ses manières, son style et sa voix, son “Bob Rossness”, que nous ne le prenons peut-être pas assez au sérieux parfois. J’imagine qu’il détesterait que je dise cela, mais nous ne devons pas oublier à quel point il est un artiste habile.
“Laissez-les s’amuser.” #bobross #citation pic.twitter.com/xuY0dWVBOP
– Bob Ross Officiel (@BobRossOfficial) 27 septembre 2019
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Bob utilise une technique de peinture humide sur humide, ou alla prima, comme on l’appelle autrement, qui se traduit de l’italien par “Au premier essai”. En termes simples, il appliquera des couches de peinture humide sur des couches de peinture humide précédemment administrées pour former un paysage entier en une seule séance.
C’est déroutant quand on le regarde pour la première fois sur la toile. Il y a une assurance dans ses coups de pinceau lorsqu’il glisse et tache, mais il est pratiquement impossible de visualiser le produit fini. De manière presque mécanique, vous le verrez sélectionner un pinceau de deux pouces et fouetter un fond ensemble, avant de produire un pinceau rond demi-taille et de le pistonner légèrement vers le haut, puis vers le bas. Une fine ligne traverse le centre de ces éclats, et soudain, vous la voyez – un “petit arbre heureux”. Les couteaux à peindre découpent des silhouettes fantômes, mais un grattage rapide ajoute de la profondeur. Les pointes des poils écrasent la couleur et une lingette tache. Régulièrement, un flou s’avance.
De nombreux grands noms ont utilisé cette méthode directe de peinture pour capturer rapidement l’esprit d’un sujet dans l’instant. Il y a souvent peu ou pas de sous-couche, pas de pré-esquisse, juste une projection de la vue et de l’esprit, où les formes «parfaites» n’ont pas d’importance. Avec alla prima, le peintre accorde la liberté à la peinture, ce qui apporte une merveilleuse expressivité au réalisme.
Frans Hals, Diego Velazquez, et plus tard, des impressionnistes comme Claude Monet et des réalistes comme George Bellows (parmi beaucoup d’autres) ont tous pratiqué cette méthode à des degrés divers.
Frans Hals, La Gitane, 1628 ; Claude Monet, Argenteuil, Fleurs au bord de la rivière, 1877 ; Diego Velazquez (qui d’autre m8 ?), Las Hilendras, 1655 ; George Bellows, les deux membres de ce club, 1909
Notez comment les coups de pinceau sont clairement visibles dans chacune de ces peintures, nous faisant prendre conscience d’abord de leur physicalité, mais aussi de celle de l’artiste. En regardant ces formes et figures oniriques, on ne peut s’empêcher de rappeler le vieux maître qui a versé sa vision sur la toile. Un sentiment de liminalité demeure, de ces œuvres planant à la frontière entre ce royaume et celui du créateur, de disparaître et de disparaître au fur et à mesure que nous prenons chaque détail pas si détaillé.
Cela soulève la question, à quoi cela aurait-il ressemblé de voir ces vieux maîtres en action ? Et en quoi leurs mouvements et leurs manières étaient-ils différents ou similaires à ceux de Bob ?
Regardez Bob Ross et c’est comme si nous regardions à travers une fenêtre dans l’atelier de l’ancien maître, nous donnant peut-être un aperçu de ce à quoi les techniques de Velazquez ou de Hals auraient pu ressembler. Grâce à lui, nous pouvons voir les machinations de la peinture et l’habileté qui entre dans la fabrication d’une scène. De cette façon, il est aussi un catalyseur qui élève leur travail et nous fait vraiment apprécier leur incroyable maîtrise. Mais c’est avant tout une porte d’entrée pour que chacun puisse s’exprimer librement et prendre plaisir à le faire.
Je me souviens très bien d’un moment où Bob avait créé des nuages. Ensuite, il s’est tourné vers la caméra et a chuchoté “Ils vivent dans votre éventail”. Bien sûr, nous n’atteindrons peut-être jamais les hauteurs vertigineuses de ces grands, mais il pense que notre propre capacité innée est plus que suffisante.
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