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Je suis né et j’ai grandi dans une famille très traditionnelle et conservatrice au Mexique – grandir était en effet difficile. Aimer les jeux vidéo a fait sourciller plus d’un couple, et même mes parents ont trouvé étrange que moi, en tant que fille, je les aime. C’était l’époque !

Même maintenant, il est très rare que des parents ici jouent à des jeux vidéo avec leurs enfants. L’attitude au Mexique est que les jeux vidéo sont une perte de temps, et les jeunes qui jouent à “Nintendos” – comme les gens les appellent – sont des délinquants juvéniles en devenir. Malgré tous ces préjugés, certains de mes plus beaux souvenirs d’enfance étaient de jouer à des jeux avec mon père.

Nous n’avions pas grand-chose quand j’étais petit. Je ne savais même pas que les consoles existaient jusqu’à ce que mes cousins ​​aient à la fois une NES et une SNES, sur lesquelles nous avons passé des heures à jouer à Dr. Mario. Chaque fois qu’ils étaient punis, mon oncle passait chez nous et me laissait leur SNES. Bravo à la parentalité mexicaine stricte ! J’étais très jeune, probablement trois ou quatre ans, et j’étais vraiment fan de ces personnages étranges “carrés”, avec des couleurs vibrantes et des bruits amusants.

L’attitude au Mexique est que les jeux sont une perte de temps et que les jeunes qui jouent à “Nintendos” sont des délinquants en devenir

D’une manière ou d’une autre, cet enthousiasme enfantin a également déteint sur mon père. Nous ne possédions aucun système jusqu’en 1998, lorsqu’un membre de la famille nous a apporté un N64 des États-Unis. Puis, l’année suivante, mon père nous a acheté une PSOne Slim et avec elle de nombreux beaucoup des heures de joie devant la télé.

Nous avons joué à plusieurs jeux différents avant de découvrir The Legend of Dragoon. Lorsque nous l’avons reçu pour la première fois, nous ne savions pas à quoi nous attendre de ce boîtier de quatre disques, sauf que ce serait long. Dès que nous l’avons allumé, nous avons été récompensés par une belle chanson et une mystérieuse intro cinématographique. Mon père n’était pas si enthousiaste car tous les RPG japonais de l’époque avaient une direction artistique très animée, ce qui n’était pas sa tasse de thé. Mettant son parti pris de côté, nous avons essayé et n’avons jamais regardé en arrière. Nous avons trouvé que l’intrigue fantastique riche et complexe était un terrain d’entente parfait, un espace sûr pour nous deux pour être et se lier en tant que père et fille.

The Legend of Dragoon est un jeu JRPG de 1999, développé par SCE Japan Studio et introduit en Amérique en 2000. Il est fidèle au genre, mettant en vedette un groupe de héros avec des rôles classiques, un système de combat au tour par tour, des capacités magiques et , bien sûr, une intrigue dramatique et complexe conduite par le destin. L’histoire suit le protagoniste Dart qui commence son voyage en poursuivant le “Monstre noir” afin de venger sa famille. Bientôt, il découvre qu’il est capable de se transformer en dragon en utilisant un ancien pouvoir qui le conduit à de nouveaux mystères dans la cosmogonie de cet univers.

L’intrigue est divisée en plusieurs chapitres qui révèlent le passé des personnages et comment ils avancent dans cette aventure. Bien que la plupart des cinématiques soient créées avec des ressources low-poly, il en existe également quelques-unes cinématographiques. Comme dans la plupart des JRPG de cette époque, les arrière-plans sont pré-rendus et l’illusion de profondeur est créée à travers des panneaux et des perspectives. Les zones de combat sont beaucoup plus larges, avec des arènes spacieuses où vous combattez des ennemis et des monstres. Parfois, les boss de la mi-bataille lançaient des dialogues qui vous surprenaient, rendant l’expérience beaucoup plus engageante.

Nous avons commencé à apprécier ses détails. Par exemple, les conceptions de la ville avaient leur propre atmosphère accompagnée d’une musique distincte et d’une conception sonore environnementale. L’histoire et le contexte ont été donnés par les PNJ, qui ont apporté l’histoire et les coutumes de chaque région, rendant cet univers intemporel et unique.

D’autres membres de la famille se sont moqués de mon père parce qu’il aimait un “jeu pour enfants”, mais cela ne nous a pas empêchés de jouer

Bien que les événements chronologiques du jeu aient été présentés devant nous, nous avons lutté ensemble car nous ne comprenions pas certains des anglais des cinématiques. Pourtant, le dialogue bien écrit et l’histoire complexe étaient captivants. Mon père faisait remarquer que le jeu ne ressemblait pas aux autres JRPG. Il avait l’habitude de dire que cela lui donnait l’impression de regarder une série télévisée fantastique épique. Nous étions tous les deux amusés et friands des personnages, des villages pittoresques et des environnements, qui nous ont fait nous interroger sur le vaste monde offert par The Legend of Dragoon.

Issu d’une famille catholique conservatrice, la cosmovision du jeu sur la divinité nous semblait familière. Nous avons admiré le choix stylistique de tisser l’ominosité fantastique des dieux antiques à travers des peintures de type Renaissance. Le mélange de codex médiéval et d’art mésopotamien a rendu l’expérience encore plus fantaisiste. Ironiquement, nous étions tous les deux agnostiques.

Nous étions tellement fascinés par le jeu que pendant les vacances de printemps, nous avons pris la PSOne en vacances pour rendre visite à mes grands-parents. Nous étions au milieu du disque deux et nous ne pouvions pas le laisser en suspens. Comme nous l’avions prévu, d’autres membres de la famille se sont moqués de mon père parce qu’il aimait un “jeu pour enfants”, mais cela ne nous a pas empêchés de jouer. Nous passions chaque matinée chez ma grand-mère à jouer pendant quelques heures, puis nous retournions à nos activités prévues.

Il nous a fallu un certain temps pour le battre, mais lorsque nous avons atteint la fin et que la belle chanson de l’intro a été rejouée, je me souviens avoir retenu mes larmes. Je ne pouvais pas me permettre de pleurer devant mon père. Je ne me sentais pas à l’aise de montrer mes émotions, mais je savais au fond de lui qu’il était également ému par la conclusion de notre voyage épique. Je me souviens de lui disant avec un sourire sur son visage “este juego sí estuvo muy bonito”, ce qui se traduit par “ce jeu était vraiment magnifique”.

Mon père était un gars très joyeux, il pratiquait beaucoup de sports et aimait aussi le cinéma et la musique. J’étais une adolescente timide et ringarde, alors nous avons eu du mal à nous entendre. Il était sévère avec moi depuis que j’étais l’aîné et je me suis toujours senti jugé pour mes choix. Malheureusement, il a grandi dans une culture très macho donc, en tant que fille, je me suis rarement sentie comprise. Il est décédé il y a dix ans des suites d’un accident de travail, nous laissant tous le cœur brisé. Il y avait beaucoup de choses que nous n’avons pas pu résoudre ensemble qui m’attriste encore, mais je sais qu’il serait très heureux de savoir que j’ai décidé de travailler dans l’industrie des jeux vidéo. Je sais avec certitude que s’il était avec nous aujourd’hui, il serait assez têtu pour essayer de devenir également développeur de jeux – cette pensée me fait sourire.

Je reste avec de bons souvenirs de nous jouer ensemble. Ça a uni toute ma famille. Ma mère et mes frères et sœurs ont leurs propres histoires sur lui et sa passion pour le jeu, et comment nous avons tous fini par partager et apprendre les uns des autres grâce à cela. Depuis que j’ai commencé à travailler sur le projet Lunch A Palooza, j’ai été témoin de première main de ce lien entre parents et enfants. Les voir découvrir et partager leur joie et leur excitation tout en jouant à notre titre me laisse très motivé et heureux.

Cela me donne également l’espoir qu’il y ait une chance que mon travail avec les jeux puisse rapprocher les familles. J’espère que Lunch A Palooza fera pour eux ce que The Legend of Dragoon a fait pour nous.

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